ECHOUE

Le sujet est posé :
peut-on
à quelqu'un
le poids de son amour
faire porter ?
J'expose mon cas
(pratique)
à la commission d'évaluation des cas
spécialement chargée
de les évaluer.

Hum hum.

T'encombrer de mon amour
(déclare-je avec emphase)
T'encombrer de mon amour
t'encombrer de ma douleur
scrutant tes yeux
perçants
comme un tapis
suspendu à tes lèvres
à leur moindre frémissement
à leur commissure...
Halte là ! Salsifi !
euh... Ca suffit !
gueule le général désarmé
ivre mort
qui vient d'arriver.

Stop !
C'est interdit par l'article dix-huit alinea trois du code de bonne conduite
sans permis
c'est à dire sans une autorisation expresse délivrée par la première concernée
vous ne pouvez déclamer votre amour
ne serait-ce
qu'un
petit
peu.

Relisez donc la carte de Tendre l'ami...

Peine perdue donc.

Pour une peine perdue
une paire gagnée
une belle paire de larmes
qui coulera
dans une imperfectible parralélité.

Pour une peine perdue
une peine gagnée.
La peine de ne pas t'avoir émue (assez)
d'avoir mal visé, mal calculé
d'être un mauvais tireur
en somme
un mauvais coût.

Mais t'inquiète pas
t'as rien perdu toi
t'es sauvée
t'as même pas eu besoin
de te sauver.
Le général désarmé
ivre mort
a volé à ton secours.
La bienséance
t'a évitée
de subir
mon
amour.

Ouf on est pas passé loin !
On l'a tout juste évité !

Je suis fatigué
du principe
de réalité.